Le Concert de la paix réunit toutes les générations

Cela restera comme un événement exceptionnel. Le Concert de la paix, organisé par La Fabrique musicale, a réuni 350 musiciens de tous âges et 600 spectateurs le samedi 10 novembre dernier à la Salle des sports d’Heyrieux. Un dispositif gigantesque et participatif pour célébrer le centenaire de l’Armistice de 1918 qui a  été salué par un message personnel de la ministre des Sports, Roxana Maracineanu.

Un programme chargé d’émotions

En première partie, les 60 musiciens de l’Harmonied’Heyrieux ont interprété quatre pièces évoquant l’Europe d’avant la guerre. Leconcert a débuté par la comédie musicale LesMisérables, d’après l’œuvre de Victor Hugo, suivie de Don Quichotte de Ferrer Ferran, une fantaisie symphonique espagnolepour orchestre et récitant. L’opéra italien, très important au 19esiècle, fut représenté par un extrait de CavalleriaRusticana de Mascagni puis vint le retentissant Finale de la 5e symphonie de Tchaïkovski, par lequel lecompositeur russe entendait exprimer le triomphe de l’humanité sur la guerre.

Les 60 musiciens de l’harmonie d’Heyrieux lors du Concert de la paix

La seconde partie se présentait comme une fresque continue jouant sur le contraste et la superposition des émotions. Ainsi, le son déchirant de la sirène est-il venu interrompre la célèbre Tritsch-Tratsch Polka de Strauss, pour mieux laisser place aux harmonies tristes du Magnum Mysterium de Morten Lauridsen. Sur la musique, était lu un poème d’Aragon qui annonce, sans détours « Tu n’en reviendras pas…. », alors qu’une musique militaire, interprétée par La Fraternelle de Saint-Georges d’espéranche défilant dans la salle, soulignait l’engagement des soldats dans le conflit.

Une création pour dire la guerre et la paix

La dernière séquence restera comme le temps fort du concert : la création de Tranchées-Palace du compositeur Benoît Dantin. L’œuvre, écrite pour l’occasion, met en scène des musiques populaires, des écritures contemporaines, des textes extraits de lettres de poilus. Les 350 interprètent ont donné naissance à cette pièce magistrale avec engagement et une grande musicalité. Parmi les récitants, Daniel Angonin, le maire d’Heyrieux, qui a symboliquement lu les mots du télégramme du Ministère de l’Intérieur annonçant la fin de la guerre avant que ne retentisse l’Hymne à la joie de Beethoven chanté par le grand chœur et par le public. Le concert s’est terminé par la grandiose Marseillaisede Berlioz pour orchestre, chœur mixte, chœur d’enfants et soprano, avec la participation exceptionnelle de Runpu Wang, chanteuse lyrique à l’opéra d’Avignon.

La Marseillaise de Berlioz interprétée par 350 instrumentistes et choristes.

Un projet pédagogique et citoyen

Le partage entre les générations était au cœur du projet du Centenaire.

« Ce concert est le résultat d’une démarche pédagogique qui a duré deux mois, explique Florent Bonnetain, chef d’orchestre et directeur artistique du projet. Il a permis à des habitants et à des enfants de vivre une expérience artistique très forte. Ce qui est notable, c’est que plus de la moitié n’avaient jamais chanté ni pratiqué la musique auparavant. » Le président de La Fabrique musicale, Pierre Rousseau, a salué l’engagement de tous dans un projet citoyen qui a permis de partager avec le plus grand nombre les valeurs de la liberté et de la transmission entre les générations. 

Le lendemain, l’orchestre et le chœur ont participé aux cérémonies officielles du 11 novembre à Valencin puis à Heyrieux en interprétant à nouveau La Marseillaise de Berlioz et l’Hymne européen à 4 voix. Cette présence musicale de grande envergure rajoutait à l’émotion de l’événement que le public a suivi très nombreux cette année.